La fin du XXème siècle comptait environ onze barrières de séparation – mur ou clôture – dans le monde. Elisabeth Vallet, professeur au département géographie de l’université du Québec, en dénombrait une cinquantaine en 2014. Les récents évènements et nombreuses déclarations politiciennes portent à croire que cette tendance n’est pas prête de baisser. Pour cause, le ministre anglais de l’immigration, Robert Goodwill, a défendu ce mardi au parlement britannique l’idée de la nécessité de renforcer le dispositif de sécurité pour la ville de Calais.
La réalisation de cette « sécurisation » passera donc par la création d’une barrière de séparation autour de la rocade Calaisienne. Robert Goodwill justifie ce choix par l’échec d’autres tentatives : « Nous avons réalisé la clôture et maintenant, nous passons au mur ». Concernant le financement de cette construction, celui-ci déclare vouloir : « […] entamer la construction de ce nouveau mur dans le cadre du paquet de mesures de 17 millions engagé avec les Français », ce qui représenterait 2,4 millions d’euro sur les 17 millions investis par les anglais.
« la France a-t-elle signée l’échec de sa politique humanitaire ? »
Pour revenir à cette future barrière de séparation ou tout simplement « mur », nous savons que la configuration de celle-ci sera de l’ordre de 4 mètre de hauteur pour 1 kilomètre de longueur. De quoi faire chavirer le cœur de bon nombre d’entrepreneurs de B.T.P. Une fois ce petit constat effectué, plusieurs questions se posent face à cette construction. La première – et sûrement la plus importante – repose sur la notion de prise en charge des migrants. En acceptant d’ériger un mur sur son territoire, la France a-t-elle signée l’échec de sa politique humanitaire ? De fait, quels arguments rationnels pourrons nous rétorquer face à la sempiternelle rhétorique d’extrême droite annonçant l’imminence d’une invasion migratoire quand le gouvernement accepte la mise en chantier d’une grande muraille de France ? Enfin, quelles possibilités le citoyen français dispose-t-il face à l’ingérence xénophobe du gouvernement anglais sur le sol français ? Comment un mur, déjà qualifié : « de la honte » peut-il être érigé en France sans qu’aucune concertation populaire ne soit effectuée ?
Tout porte à croire qu’en cette fin d’année 2016 – date d’achèvement de la construction -, la France rejoindra la tristement célèbre liste des pays ayant dressés une barrière de sécurité sur son territoire.