Souvent présenté comme le dernier rempart contre la barbarie d’une jeunesse paumée, le service militaire est le dispositif privilégié des hautes sphères de la droite française.
Éric Ciotti, farouche défenseur – et, accessoirement député Les Républicain – milite pour un rétablissement du service militaire au sein de notre doux pays. Il est certain que nombre de politiciens voient dans cette démarche une volonté de retour à l’éducation strict du militaire en mal d’autorité. Inutile de chercher, vous ne verrez point de lavage de cerveaux. L’accent – démagogique ? – est mis sur l’apprentissage de l’éducation civique, oui madame ! Afin d’éviter une nouvelle charge des plus médisants, sachez qu’une obscure étude scientifique – inventée par nos soins – a prouvé que la corvée de patate forgerait le caractère, que de bénéfices pour ces jeunes recrues. Voici donc comment s’organisent les arguments en faveur du retour au service militaire obligatoire mais, il y a toujours un « mais »…
« L’illustre « général » Ciotti réclame, à l’instar de son homologue Adolf Hitler en 1935, le rétablissement du service militaire obligatoire. »
L’illustre « général » Ciotti réclame, à l’instar de son homologue Adolf Hitler en 1935, le rétablissement du service militaire obligatoire. Néanmoins, aussi noble que soit sa cause, il y a un léger problème. Le grand « général » n’est qu’un vil usurpateur ! Un document dévoilé ce mercredi 14 par le très auguste : Canard Enchainé, révèle la longueur disproportionnée du bras de M. Ciotti. Combien de centimètre ? Ne vous impatientez pas, voici d’abord un petit rappel pour les cancres :
L’année 1991 sonnait la fin de l’insouciance pour notre jeune attaché parlementaire, il n’avait plus le choix et se devait de répondre à l’appel du clairon. C’est avec la larme à l’œil que notre député se remémorait le décret de 1804, dit de : « remplacement militaire » qui permettait aux bourgeois et autres nobles de payer un homme pour remplacer son tendre enfant au service. Ne pouvant jouir des avantages de ce décret, le jeune Éric Ciotti se retrouvait au pied du mur.
Quand le grand défenseur du service militaire échappe aux corvées de patate
Heureusement pour lui, le monde est vraiment, mais vraiment bien fait, n’est-ce pas ? C’est donc avec la complicité – si je ne m’abuse – d’un certain François Fillon, que le « général » Ciotti à réclamer en 1991 son exemption de service militaire, oui, c’est bien le même. Fort d’un acoquinement politicien dépassent le clivage gauche-droite, François Fillon à saisit son « cher ami » Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la défense. Dommage, le jeu des influences n’a pu avoir lieu suite à la démission de ce dernier. Que cela ne tienne, Éric Ciotti a la parade et effectue une demande de dispense au titre du soutien famille pour sa femme, tombée – fort à propos, non ? – enceinte. Brisée par un simple fœtus, l’épée de Damoclès retire son étau de la gorge du jeune attaché parlementaire, adieu service militaire.
Malgré l’exemplarité – digne des plus grands politiciens – de ce parcourt, une question persiste. Peut-on défendre avec autant d’ardeur un retour au service militaire obligatoire quand l’on a tenté d’échapper à celui-ci par tous les moyens ? Confronté à son passé, la crédibilité du discours de M. Ciotti sur ce sujet semble légèrement entachée.